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Témoignage : La retraite de Lam Rim d’un mois

Qian nous partage son expérience de sa retraite de Lam Rim à l’Institut Vajra Yogini.

Retraite de Lam Rim, hiver 2023

Depuis quelques années que j’étudie le dharma j’ai eu enfin la chance d’effectuer un mois de retraite de Lam rim durant l’hiver à l’Institut

Cette expérience m’a beaucoup enrichie. En effet, poussée par l’orgueil, je manquais trop souvent de patience dans mes pratiques : « Ça je sais !  Ca je comprends ! » J’avais oublié que chacune des étapes du Lam rim est faite pour être « réalisée » et ne devait pas rester intellectuelle. Cette retraite m’a donc remise sur le chemin.

Pendant la première semaine, au rythme de six sessions par jour, le groupe accompagné de Marcel parcourt les points essentiels du Lam rim.  La semaine suivante, nous méditons chacun de ces points en profondeur. Les deux semaines suivantes, j’ai continué la retraite seule.  Avant de commencer cette phase individuelle, j’ai essayé de me faire un programme. Il y a plusieurs façons de faire une retraite de lam rim. Certains préfèrent faire un cycle complet de lam rim, d’autres choisissent d’aller lentement en se concentrant sur certains sujets.  Au départ, je ne savais pas ce qui était le mieux pour moi, mais l’orgueil a encore pris sa place : « Je vais vite parcourir les sujets que je connais déjà bien, puis je méditerai plus longtemps sur les autres. » Quand j’en ai parlé à Marcel, son rappel fut révélateur : « Le Lam rim est un chemin complet ». Si l’on choisit les sujets que l’on apprécie en négligeant les autres, on risque de sauter des étapes et de ne rien réaliser. Les sujets sur lesquels je n’avais pas toujours la patience de méditer, par exemple ceux de la voie de petite envergure, me paraissaient tout d’un coup primordiaux et enthousiasmants. Je ressentais un besoin de méditer profondément sur la base du chemin.  J’ai donc décidé d’aller doucement en prenant comme support de méditation certains commentaires réputés du Lam Rim et quelques livres de Lama Zopa Rinpoché. 

Le Cœur de la voie, qui traite de la dévotion au maitre, fut pour moi un trésor ! Avant je pensais ne pas avoir trop de problèmes avec la dévotion au maître. En lisant ce livre, je me suis rendu compte que ma conviction était loin d’être stable. En méditant sur les raisonnements présentés par Rinpoché pour dissiper les doutes, j’ai eu aussi le sentiment dont il a fait lui-même l’expérience : celui de défaire des nœuds, ce qui rendait mes pratiques beaucoup plus fluides.  Un autre livre de Rinpoché m’a beaucoup éclairée : La Parfaite Renaissance humaine, un joyau inestimable, que je ne l’avais jamais ouvert en pensant là aussi connaître suffisamment bien le sujet !   La retraite m’a permis de le redécouvrir.  Rinpoché a des moyens habiles pour enseigner en utilisant diverses analogies et métaphores qui nous font ressentir les souffrances des mondes inférieurs et l’immense chance d’avoir une précieuse vie humaine.  

Lire le Lam rim et le méditer mot par mot dans une retraite n’ont pas les mêmes effets.  Seule dans la salle de pratique, silencieuse et chargée de l’énergie du Dharma, je ressentais la forte puissance de ces images mentales.  « Le chemin devant nous est éclairé par la lumière du Dharma mais c’est la dernière lueur d’une bougie qui s’éteint ». J’ai essayé de voir cette dernière lueur de Dharma dans mon esprit mêlé de jouissance et de crainte, et de laisser cette image imprégner mon esprit… Parfois, je posais mon attention pendant un court instant sur ma respiration, en pensant qu’elle pourrait s’arrêter à tout moment. La prise de conscience de cette réalité n’était pas facile, mais c’était un profond dialogue avec moi-même. J’étais choquée de voir à quel point j’avais sous-estimé l’importance de méditer sur la voie de petite envergure, la base du chemin ! La retraite est idéale pour plonger profondément à l’intérieur de soi. 

Un environnement calme et inspirant, des objets saints créant de magiques énergies, tout dans ce lieu contribue à oublier les huit préoccupations mondaines. Tout au long de cette retraite, le personnel et les bénévoles de l’Institut m’ont beaucoup aidée et soutenue pour que j’aie les meilleures conditions de pratiques possibles. Je les remercie infiniment ainsi que ceux sans qui ma retraite n’aurait pas été possible. 

La retraite a certainement fait bouger des choses en moi. Voilà quelques mois que je suis retournée à ma vie citadine. J’essaie d’intégrer dans la vie quotidienne ce que j’ai médité sur le coussin, de corriger les habitudes qui me font perdre du temps et m’éloigne du chemin. Ce n’est pas facile ! Les tendances et automatismes reviennent avec ténacité.  Pabongka Rinpoché disait : « Lorsqu’un seul moment de paresse vous est devenu aussi intolérable que le serait, pour quiconque, le fait d’avoir renversé un sac de poussière d’or dans une rivière, alors vous avez réalisé la difficulté d’obtenir les libertés et les richesses (d’une précieuse renaissance humaine). » Il me reste un long chemin à parcourir pour le réaliser mais j’ai conscience que je n’ai pas d’autre choix. 

« Nous avons un voyage fantastique à entreprendre, dit Lama Zopa Rinpoché. Le lam rim est notre carte routière, notre guide tout au long de notre parcours. Je pense que garder précieusement cette carte routière en main est notre meilleure façon de rendre hommage à notre précieux maître, et de réjouir son esprit saint. 

 

Qian, mai 2023